Ceci est un pavillon de thé pas comme les autres.
Cette « maison de thé » de l’artiste tchèque Toyen (1902 – 1980) est à contempler au Musée d’art moderne de Paris, qui lui consacre une exposition riche et passionnante jusqu’au 24 juillet 2022. Par bien des aspects, elle m’évoque la chashitsu au cœur du musée Nezu de Tokyo ou le pavillon de thé dans l’hôtel Heidelbach du Musée Guimet, comme posés parmi les teintes troubles et fraîches d’un bassin ovoïde et infini de nénuphars.
Cette maison de thé datée de 1927 coïncide avec « l’artificialisme » dont les fondements sont posés en 1926 par Toyen et Jindrich Styrsky (1899-1942), un an après leur installation à Paris et deux ans après leur départ de leur Tchécoslovaquie natale. En rupture avec leur famille respective et l’ordre social, les deux artistes ont privilégié les explorations du groupe d’avant-garde Devětsil, et tourné le dos aux enseignements des Arts Décoratifs ou des Beaux-Arts.
Entre onirisme, cubisme, surréalisme, réunion de la peinture et de la poésie, l’artificialisme vise selon eux à « provoquer des émotions poétiques qui ne sont pas seulement optiques ».
Ce pavillon de thé ne représente qu’un répit, un jalon au cœur d’une exploration artistique continue chez Toyen. La seconde moitié du XXe siècle, ses tragédies politiques, ses renversements sociaux y ont creusé des entailles. Dans l’expression de son combat contre le totalitarisme hitlérien et stalinien ou sa vision précurseur du renouveau social soixante-huitard, le surréalisme reste pour l’artiste une arme de prédilection.
Infos pratiques
Exposition Toyen, l’écart absolu. Musée d’art moderne de Paris. Jusqu’au 24 juillet 2022.
Réservation et plus d’infos sur le site du Musée d’Art Moderne de Paris