Portrait d’une théicultrice entre Paris et la Normandie

Lauréate 2023 de Parisculteurs, concours visant à soutenir l’agriculture urbaine dans la capitale depuis 2016, Gaëlle Rousseau démarre en janvier 2024 une plantation de théiers dans un jardin de 1900 mètres carrés situé à l’Orée du Bois (Paris 16^e). Portrait d’une théicultrice au service de la filière du thé en France.

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Gaëlle Rousseau a construit la première partie de son parcours professionnel dans la gestion, le commercial, le marketing… bref, le monde de l’entreprise, tantôt exaltant pour le sentiment d’être là où les choses se passent et la reconnaissance sociale qu’il offre, tantôt frustrant pour son côté codifié et éprouvant. Vingt ans s’éclipsent en un clin d’œil, le temps d’un parcours tracé entre sa famille et ses tailleurs, jusqu’à des cabinets ministériels qui visent à faire de la France une nation d’innovation digitale. Mais il y a également les détours qu’elle s’autorise, sur les chemins du vin notamment, bouffées d’oxygène lors desquelles elle renoue avec son sens terrien et manuel.

Buveuse de thé depuis toujours, le temps du confinement en 2020, entre enfermement contraint et parenthèse enchantée, rebat les cartes. Les camellia japonica qui ornent sa maison en Normandie cèdent la place à des camellia sinensis. De là germent les prémices d’une nouvelle aventure. Enthousiaste, foisonnante d’idées, d’envies de voyages et de rencontres, elle avance à toute berzingue et insuffle sa plus belle énergie à son nouvel or vert. La créativité, la rapidité d’action qu’elle a déployé dans son ancienne vie de bureau se déporte désormais vers la théiculture.

Contre toute attente, l’audace dont elle fait preuve aujourd’hui, longtemps tapie tout au fond d’elle, s’est un jour éveillée face à un patron trop sûr qu’elle n’oserait pas saisir l’opportunité d’un beau poste pour lequel un cabinet de recrutement l’avait chassée. C’était quelques années avant ses 30 ans. Elle a osé et les portes se sont ouvertes. Désormais sur un nouveau terrain de chasse, celui de ses Jardins de thé, elle apprend à composer avec d’autres espèces. Quand on lui fait remarquer qu’elle semble rayonner, elle l’attribue à sa pratique de creuser des trous dans la terre pour se requinquer, se libérer des frustrations de sa vie d’avant ou des contrariétés causées par les sangliers et les chevreuils qui défont de temps à autres ses installations et ses plants.

Au contact de passionnés, à la croisée du thé, du monde agricole et de l’entreprenariat au féminin, elle incarne à merveille ce motto digital qui circulera peut-être encore un certain temps, « 40/50 est le nouveau 30 », « 40/50 is the new 30 ». Autour d’une tasse de thé, évidemment.