Océan vert au cœur du quartier d’affaires de Shiodome, le jardin Hama-rikyu recèle au creux de ses chemins tranquilles, temples zen, vergers généreux, ainsi qu’un vieux pin noir, robuste et souple datant de 1609. Dans ce jardin de vingt-cinq hectares qui dépendait autrefois de la villa de la famille Tokugawa, les repères urbains vacillent volontiers. Son ochaya (maison de thé) au bord d’un lac appelle à une halte pour célébrer la nature.
Cheminer, déconcerté
Cheminer vers l’ochaya agit comme un déconcertant rituel qui se joue de nos certitudes en lignes droites. Beauté métonymique : la maison de thé est posée au bout d’un chemin qui serpentine à travers un jardin de pierres. Effet paravent : à l’approche, le regard est attiré par une tablée de touristes en terrasse attenant au lac. Esthétique du détour : l’accès à l’intérieur, sur le côté, donne sur une entrée en bois clair, sobre et modeste. Se déchausser, choisir la formule de dégustation, régler en échange d’un jeton, entrer, trouver place, s’installer…
Simplicité du respect
… Et enfin apprécier son atmosphère, aux côtés de dizaines d’autres promeneurs venus profiter d’une dégustation en toute simplicité.
Une pause que l’on savoure rarement en solo, le plus souvent en bonne compagnie… avec l’alter ego de toute une vie, un fiancé prévenant qui présage un tempérament de bon mari, un conjoint aux traits fatigués dont on prend soin.
Dans la pièce d’à côté, un gaijin s’étend sur le tapis rouge des offrandes telle une Odalisque dix-neuvième. Sa voix claironnante occupe tout l’espace.
Plus loin, des discussions à deux, à trois. Beaucoup captent la sérénité du lac sur un écran pour la partager instantanément. D’autres la figent en argentique.
Fluidité du service
Le service s’affaire avec rapidité et fluidité… Au fil des arrivées, le jeton posé devant soi est échangé contre un mochi et un matcha, accompagné d’un sourire discret et d’une inclinaison en guise de salut mutuel.
A genoux, à hauteur du lac, on se rapproche de ces douceurs aériennes posées sur un plateau de laque.
Tout d’abord, le mochi, terrien mais honnête. En saisissant le bol de matcha que l’on tourne comme il sied à toute dégustation, on en apprécie le motif.
Comme chaque fois, devant le corps dense de l’arôme et l’acidulé de la teinte, je m’attends à tout sauf à l’amertume douce et légère de sa mousse.
Fugacité de l’instant
Autour de moi, des conversations d’entre-deux, des bavardages concis et mesurés, des appréciations convenues sans être trop solennelles, des anecdotes personnelles mais pas trop intimes. La vue est agréable, l’ambiance en tatamis, enveloppante, mais personne ne s’attarde trop longtemps.
Venue en solo, l’envie d’apprécier le lac de plus près, m’entraîne vers l’extérieur. Les cailloux arrondis, le reflet de la grisaille sur le lac, sa sombre verdure, le souffle léger des nuages attirent peu le promeneur.
16h30 : fermeture dans trente minutes, signale l’annonce chuintée par le haut-parleur, que la voix féminine, posée et juvénile, atténue en un doux chuchotement embrassant le murmure du vent.
Infos pratiques
Horaires du jardin : de 9h à 17h (dernière entrée à 16h30)
Tarifs. Adulte : 300 yens | Plus de 65 ans : 150 yens
Accéder au Jardin
7mn à pied de la sortie Otemon des stations Shiodome (Ligne Oedo et Yurikamome) et Tsukijishijyo (Ligne Oedo).
12 mn à pied de la station Shimbashi (Ligne Ginza, Asakusa et JR)
5 mn à pied de la sortie Nakano-gomon de la station Shiodome (Ligne Oedo et Yurikamome).
15mn à pied de la station Hamamatsucho (Ligne JR)
Plus de détails sur le site du Jardin Hama-Rikyu